jeudi 26 mai 2016

CCCVII ~ [花 の ダイアリー ! Le journal de Hana au Japon 3e du nom] Mucha

Le plus difficile, après une certaine période d'absence, est de se replonger dans le moule des existences qui ont continué sans nous, de se refaire une place dans les événements de la vie quotidienne, et de se sentir comme une sorte de grosse tumeur qui n’a plus sa place ni dans le songe du voyage ni dans la réalité. Déchirer le voile du monde et se recoudre à l’intérieur a toujours quelque chose d’un peu désespérant – surtout lorsqu’il faut être rapide à la tâche. Pas le temps de reprendre son souffle. Incisez-moi, qu’on en finisse.

Bref, après un avion raté, une cinquantaine d’heures sans sommeil, quelques bonnes décharges d’adrénaline et une trentaine d’heures de sommeil presque consécutives (qui suis-je), me voici de retour avec un billet-flemme, mais un billet tout de même.
Billet-flemme car il n’aura nécessité ni tri de photos ni descriptions quelque peu fouillées, mais qui célèbre pourtant ma plus belle rencontre avec l’un des artistes dont le travail m’émeut le plus.

Zodiaque décorait l’affiche et les billets de l’exposition.
Mucha au Japon, Mucha à Nagasaki ; je n’avais pas prévu du tout de passer voir une exposition sur un artiste européen si loin de mon continent (à quoi bon parcourir 10 000 kilomètres pour retourner en terres connues), mais voyant les affiches au sortir de la gare, je sentis comme une faiblesse…


La musique de Smetana a accompagné toute l’exposition et je n’en suis pas encore écœurée, donc…

… et finalement bien m’en a pris car cet hommage à Mucha fut des plus réussis. Le nombre de travaux exposés était hallucinant, allant des célèbres affiches des spectacles de la divine Sarah à des calendriers publicitaires et même des actions boursières.

Les affiches pour Sarah Bernhardt.
Les Saisons
Illustrations pour Ilsée.
Extraits du calendrier de La Belle Jardinière.

L’exposition suivait son parcours d’artiste, depuis sa révélation grâce à Sarah Bernhardt jusqu’à ses tableaux sur le peuple slave, en passant par ses travaux pour La Plume et son exil volontaire aux États-Unis. La composition des salles était parfois riche de plus d’une cinquantaine d’œuvres ! Et un gros plat de résistance attendait le visiteur dès la toute première : le bracelet que la Divine portait alors qu’elle incarnait Médée, le bracelet en forme de serpent dessiné par Mucha et réalisé par la maison Fouquet.

Rien que ça.
Mucha, créateur visionnaire, touche-à-tout, artiste complet ;  s’il se sentit rapidement enfermé dans le moule qu’il avait lui-même créé, et s’il est sans doute plutôt réducteur de le restreindre à ces beautés opulentes qui ornent l’immense majorité de ses travaux, c’est que sa volonté de partage allait bien plus loin que la seule apparence délicate de ses compositions. Derrière Mucha se cachent des idéaux esthétiques, sociaux, spirituels qu’il a échoué à diffuser autant qu’il l’aurait voulu. Même les plus grands, les génies mondialement reconnus peinent parfois à se faire entendre dans le brouhaha de la foule… Et en brassant un tel nombre de pièces différentes à la fois, il était plus aisé de percevoir dans cette rétrospective le souffle qui animait le dessinateur avant de le quitter. Une impression de trop-plein, de fruit dont on voulut tirer le jus jusqu’au dégoût  – et dès lors voir cette exposition au Japon, même hors de la neo Babylone tokyoïte, prenait tout son sens.

(Vous remarquerez que j’ai néanmoins participé à l’élan de débauche générale. Ce sont des bonbons au milieu, parce que la boîte était jolie – j’y rangerai des bijoux.)
Ainsi, petits chanceux qui seriez à Nagasaki jusque dimanche, un seul conseil : courez-y.

7 commentaires:

  1. Je te jalouse (un peu... beaucoup).
    Tu connais mon amour également pour cet homme, je veux y aller, genre demain.
    C'est une bien belle surprise, en tout cas, qui t'attendait!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Allons-y ensemble genre demain, je ne serais pas contre y retourner…
      Et oui, complètement !

      Supprimer
  2. 1) Cette musique ! (j'en verse des larmes)
    2) quelle chance de voir cette exposition !
    3)ces goodies ! (je suis jalouse)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 1) N’est-ce pas ! Et imagine entourée des illustrations de Mucha !
      2) C’est pour ça que j’ai raté mon avion je crois, il fallait compenser.
      3) Voir petit 2.

      Supprimer
    2. J'en veux une aussi, d'exposition ! Je commence à collectionner des livres sur l'art nouveau et l'art déco (j'ai énormément de mal à dissocier mon amour des deux).

      Supprimer
  3. C'était peut-être un signe du destin cette affiche ? ;)
    Pour la boîte : ah que l'être humain est faible ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha, je pense que c’était un signe du destin, complètement ! Je suis tellement heureuse d’avoir eu la chance de la voir !
      Eh oui, nous sommes faibles, mais la boîte est si jolie... !

      Supprimer

Transparent White Star