lundi 30 mai 2016

CCCVIII ~ [花 の ダイアリー ! Le journal de Hana au Japon 3e du nom] Sailor Moon

[Eh oui, encore un billet-flemme.]


Quelques jours avant mon départ, j’ai appris via le blog de mon expatriée préférée qu’une exposition Sailor Moon se tenait à Roppongi, où des originaux de certaines illustrations en couleur du manga étaient montrées au public. Ni une ni deux, j’en ai fait ma première sortie.

Image extraite du fascicule distribué à l’entrée, qui montre la toute première salle…
…où l’on est accueilli par un océan de produits dérivés.
Au dernier étage de la Mori Tower, avec une vue imprenable sur Cristal Tōkyō, commence une grande plongée dans les années 1990, ma foi assez bien fichue, entre hymne à Bandai et reproductions grandeur nature (comme les sceptres de Pluton et de Saturne, à la fois très impressionnants et de réalisation assez simpliste – voilà qui donne de l’espoir). 


Je suis restée un assez long moment à regarder les détails des costumes.
Après une salle consacrée aux croquis pour la série animée, déjà très intéressante, arrive celle des fameuses illustrations en couleur. Certes, la nostalgie compte beaucoup dans le plaisir ressenti, mais il était très agréable également de découvrir la richesse du travail qui se cache derrière ces tableaux qui ornent les pages du manga – découpages, collages, jeux de textures, aquarelle, gouache, et ainsi de suite – pour un résultat souvent kitsch à souhait. Les photographies n’étaient pas permises, malheureusement, dans cette partie de l’exposition.


(Je ne sais combien de fois j’ai publié cette illustration par ici, mais elle était là, ma douce Saturne, faite de calques découpés et peints, toute en délicatesse. Si l’on m’avait dit, jeune fille, que je verrai de mes yeux l’original… !)

À la sortie, j’ai fait un tour à la boutique, qui proposait des produits dérivés exclusifs (évidemment), mais ce qui m’intéressait le plus, c’était le café à thème.

Ce sceptre miniature me faisait de l’œil, mais il était déjà en rupture de stock.
 
Avec la vue sur la ville, la nuit, du  52e étage d’un gratte-ciel : chouette.
Et une boisson insipide aux couleurs de sailor Mars plus tard (mais que ne ferait-on pas pour le plaisir d’avoir un croissant de lune en chocolat blanc sur son verre), je m’en retournais dans les rues de Tōkyō – affaire à suivre, donc.

jeudi 26 mai 2016

CCCVII ~ [花 の ダイアリー ! Le journal de Hana au Japon 3e du nom] Mucha

Le plus difficile, après une certaine période d'absence, est de se replonger dans le moule des existences qui ont continué sans nous, de se refaire une place dans les événements de la vie quotidienne, et de se sentir comme une sorte de grosse tumeur qui n’a plus sa place ni dans le songe du voyage ni dans la réalité. Déchirer le voile du monde et se recoudre à l’intérieur a toujours quelque chose d’un peu désespérant – surtout lorsqu’il faut être rapide à la tâche. Pas le temps de reprendre son souffle. Incisez-moi, qu’on en finisse.

Bref, après un avion raté, une cinquantaine d’heures sans sommeil, quelques bonnes décharges d’adrénaline et une trentaine d’heures de sommeil presque consécutives (qui suis-je), me voici de retour avec un billet-flemme, mais un billet tout de même.
Billet-flemme car il n’aura nécessité ni tri de photos ni descriptions quelque peu fouillées, mais qui célèbre pourtant ma plus belle rencontre avec l’un des artistes dont le travail m’émeut le plus.

Zodiaque décorait l’affiche et les billets de l’exposition.
Mucha au Japon, Mucha à Nagasaki ; je n’avais pas prévu du tout de passer voir une exposition sur un artiste européen si loin de mon continent (à quoi bon parcourir 10 000 kilomètres pour retourner en terres connues), mais voyant les affiches au sortir de la gare, je sentis comme une faiblesse…


La musique de Smetana a accompagné toute l’exposition et je n’en suis pas encore écœurée, donc…

… et finalement bien m’en a pris car cet hommage à Mucha fut des plus réussis. Le nombre de travaux exposés était hallucinant, allant des célèbres affiches des spectacles de la divine Sarah à des calendriers publicitaires et même des actions boursières.

Les affiches pour Sarah Bernhardt.
Les Saisons
Illustrations pour Ilsée.
Extraits du calendrier de La Belle Jardinière.

L’exposition suivait son parcours d’artiste, depuis sa révélation grâce à Sarah Bernhardt jusqu’à ses tableaux sur le peuple slave, en passant par ses travaux pour La Plume et son exil volontaire aux États-Unis. La composition des salles était parfois riche de plus d’une cinquantaine d’œuvres ! Et un gros plat de résistance attendait le visiteur dès la toute première : le bracelet que la Divine portait alors qu’elle incarnait Médée, le bracelet en forme de serpent dessiné par Mucha et réalisé par la maison Fouquet.

Rien que ça.
Mucha, créateur visionnaire, touche-à-tout, artiste complet ;  s’il se sentit rapidement enfermé dans le moule qu’il avait lui-même créé, et s’il est sans doute plutôt réducteur de le restreindre à ces beautés opulentes qui ornent l’immense majorité de ses travaux, c’est que sa volonté de partage allait bien plus loin que la seule apparence délicate de ses compositions. Derrière Mucha se cachent des idéaux esthétiques, sociaux, spirituels qu’il a échoué à diffuser autant qu’il l’aurait voulu. Même les plus grands, les génies mondialement reconnus peinent parfois à se faire entendre dans le brouhaha de la foule… Et en brassant un tel nombre de pièces différentes à la fois, il était plus aisé de percevoir dans cette rétrospective le souffle qui animait le dessinateur avant de le quitter. Une impression de trop-plein, de fruit dont on voulut tirer le jus jusqu’au dégoût  – et dès lors voir cette exposition au Japon, même hors de la neo Babylone tokyoïte, prenait tout son sens.

(Vous remarquerez que j’ai néanmoins participé à l’élan de débauche générale. Ce sont des bonbons au milieu, parce que la boîte était jolie – j’y rangerai des bijoux.)
Ainsi, petits chanceux qui seriez à Nagasaki jusque dimanche, un seul conseil : courez-y.

mercredi 25 mai 2016

CCCVI ~ Voyages : ouverture

Il croyait, quand sur lui tout croula,
Voir l’abîme ; eh bien non ! l’abîme, le voilà.
Phtos est à la fenêtre immense du mystère.
Il voit l’autre côté monstrueux de la terre ;
L’inconnu, ce qu’aucun regard ne vit jamais ;
Des profondeurs qui sont en même temps sommets,
Un tas d’astres derrière un gouffre d’empyrées,
Un océan roulant aux plis de ses marées,
Des flux et des reflux de constellations ;
Il voit les vérités qui sont les visions ;
Des flots d’azur, des flots de nuit, des flots d’aurore,
Quelque chose qui semble une croix météore,
Des étoiles après des étoiles, des feux
Après des feux, des cieux, des cieux, des deux, des cieux !
Le géant croyait tout fini ; tout recommence !
Ce qu’aucune sagesse et pas une démence,
Pas un être sauvé, pas un être puni
Ne rêverait, l’abîme absolu, l’infini,
Il le voit. C’est vivant, et son œil y pénètre.
Cela ne peut mourir et cela n’a pu naître,
Cela ne peut s’accroître ou décroître en clarté,
Toute cette lumière étant l’éternité.
Phtos a le tremblement effrayant qui devine
Plus d’astres qu’il n’éclot de fleurs dans la ravine,
Plus de soleils qu’il n’est de fourmis, plus de cieux
Et de mondes à voir que les hommes n’ont d’yeux !
Ces blancheurs sont des lacs de rayons ; ces nuées
Sont des créations sans fin continuées ;
Là plus de rives, plus de bords, plus d’horizons.
Dans l’étendue, où rien ne marque les saisons,
Où luisent les azurs, où les chaos sanglotent,
Des millions d’enfers et de paradis flottent,
Éclairant de leurs feux, lugubres ou charmants,
D’autres humanités sous d’autres firmaments.
Où cela cesse-t-il ? Cela n’a pas de terme.
Quel styx étreint ce ciel ? Aucun. Quel mur l’enferme ?
Aucun. Globes, soleils, lunes, sphères. Forêt.
L’impossible à travers l’évident transparaît.
C’est le point fait soleil, c'est l’astre fait atome ;
Tant de réalité que tout devient fantôme ;
Tout un univers spectre apparu brusquement.
Un globe est une bulle ; un siècle est un moment ;
Mondes sur mondes ; l’un par l'autre ils se limitent.
Des sphères restent là, fixes ; d’autres imitent
L’évanouissement des passants inconnus,
Et s’en vont. Portant tout et par rien soutenus,
Des foules d’univers s’entrecroisent sans nombre ;
Point de Calpé pour l’aube et d’Abyla pour l’ombre ;
Des astres errants vont, viennent, portent secours ;
Ténèbres, clartés, gouffre. Et puis après ? Toujours.
Phtos voit l’énigme ; il voit le fond, il voit la cime.
Il sent en lui la joie obscure de l’abîme ;
Il subit, accablé de soleils et de cieux,
L’inexprimable horreur des lieux prodigieux.
Il regarde, éperdu, le vrai, ce précipice.
Évidence sans borne, ou fatale, ou propice !
Ô stupeur ! Il finit par distinguer, au fond
De ce gouffre où le jour avec la nuit se fond,
À travers l’épaisseur d’une brume éternelle,
Dans on ne sait quelle ombre énorme, une prunelle !

Victor Hugo, extrait de « La Découverte du titan » in La Légende des siècles.

Parce que pendant ces trois dernières semaines, je n’ai eu qu’un seul compagnon.

Relativement sympathique mais un peu boudeur dès qu’on tente de lui tirer le portrait.

mardi 3 mai 2016

CCCV ~ C’est reparti pour un tour

Les feux sur les collines printanières
Ont détruit les fleurs en bouton
Nous avons de l’eau pour éteindre ces feux
Mais le feu sans fumée qui brûle mon cœur
Aucune eau ne peut l’éteindre.
Kim Tok-lyong 

(J’expérimente depuis l’aéroport le plaisir de publier depuis mon téléphone – la technologie, c’est formidable – et la frustration de ne pas trouver comment justifier la mise en page – tristesse infinie. C’est une bonne façon de tromper l’angoisse à quelques minutes de mon embarquement pour le Japon, car rien à faire, j’aime toujours aussi peu voyager en avion… Enfin, vous trouverez également dans ce billet un petit indice quant à l’une de mes destinations pour ce nouveau voyage. Sur ce, adieu plancher des vaches, nous nous retrouverons bientôt !)
Transparent White Star