lundi 14 mars 2016

CCXCV ~ Songe d’aniline

 

Photographies : Chloé Deroy.

J’ai découvert le travail de Chloé l’an passé, et ce qui m’a tout de suite plu dans sa démarche artistique est le refus de la retouche dans un univers pourtant très onirique. Elle compose avec la lumière naturelle ou colorée, les tissus, l’eau, et tout ce qui peut lui passer sous la main sans rien y ajouter ensuite ; tout un travail de minutie et de patience ! Sa passion va aux arcs-en-ciel, et c’était très amusant de l’entendre, toute enjouée, me dire : « On voit un peu le spectre des couleurs au coin de ton nez ! ».


Chloé m’a laissé le choix de la couleur pour les lumières avec lesquelles nous allions travailler, et mon choix s’est (évidemment ?) tout de suite porté sur le violet, ma couleur favorite, auquel elle a ajouté un peu d’or pour le rendre plus lumineux. Lorsque nous avons ensuite cherché un titre pour la série, Chloé me proposa Songe d’aniline, et depuis je ne cesse de me dire que cette idée était vraiment fantastique.


L’ère décadente du XIXe siècle a apporté aux artistes et aux esthètes de quoi dompter les caprices des fleurs par la découverte de nombreux pigments chimiques dont l’aniline, ce nouveau violet un rien entêtant. J’imagine aisément, à la place de chimères éthérées, des chimères anilinées, faites de mystères et de révélations fugitives comme l’iris (« mais plus aimable que la tulipe orgueilleuse et imputrescible », me disait hier mon poète favori), un monde flottant où rien ne persiste… sauf le violet.

4 commentaires:

  1. Magique ! En effet, le titre est enchanteur, en plus d'avoir une jolie consonance. Le violet est la couleur du mystère et ces photos en sont toutes empreintes !
    J'aime beaucoup apprendre la littérature et l'histoire (et tout ce qui gravite autour) via ton blog :)

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    1. Oh, merci ! Ce que tu écris m’encourage. Ça me fait plaisir de te relire par ici, en tout cas.

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  2. Allez il suffit avec l’Hana-chronisme ! On reprend les choses au début — mais un post à la fois je le crains car mon mac rame trop ce soir. Je trouve que c’est tout à l’honneur de ta photographe de vouloir fonctionner au naturel (tiens, généralement quand on dit ça, c’est qu’on parle de la lumière). Encore plus paradoxal quand on pense que le violet est la couleur de retouche de prédilection des photos [sociales ou non] des années 2000-2010. Cette modestie dans les effets trouve également une résonance amusante dans ces photos dénudées. Ce qui me fait penser que quand quelqu’un se dévoile ainsi (et si tu m’argues que tu t’es plutôt voilée ici, je te rétorquerais que ton choix de tissu laisse à désirer !), j’ai toujours une pensée pour cette inévitable frange de ton public qui te lit par réflexe compulsif (ça peut être ta prof en terminale, ton collègue d’un ancien job d’été, la fille à qui tu as revendu une blouse il y a 5 ans…). Alors ? On lâche un com, bro ?

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    1. J’attends le moment où un téton se perdra dans le coin pour faire un coucou général à toutes les personnes que j'ai connues avant (et ça ne devrait pas trop tarder en plus, hihi).
      Ce qui est encore plus à son honneur, je trouve, c’est la recherche dans les techniques pour produire ce genre d’effets. Quand tu poses, c’est sportif, mais flûte, ça en vaut la peine.

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