mardi 26 janvier 2016

CCLXXXIII ~ Pre-Raphaelite

Photographies : Alexandra Banti


Where sunless rivers weep
Their waves into the deep
She sleeps a charmed sleep:
Awake her not.
Led by a single star,
She came from very far
To seek where shadows are
Her pleasant lot.

She left the rosy morn,
She left the fields of corn,
For twilight cold and lorn
And water springs.
Through sleep, as through a veil,
She sees the sky look pale,
And hears the nightingale
That sadly sings. 


Rest, rest, a perfect rest
Shed over brow and breast;
Her face is toward the west,
The purple land.
She cannot see the grain
Ripening on hill and plain;
She cannot feel the rain
Upon her hand.

Rest, rest, for evermore
Upon a mossy shore;
Rest, rest at the heart’s core
Till time shall cease:
Sleep that no pain shall wake;
Night that no morn shall break
Till joy shall overtake
Her perfect peace.

Christina Rossetti, Dream Land.


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Cette série est elle aussi un doux souvenir de l’été passé. En nous promenant au bord de la mer, Alexandra me dit : « Va dans les lauriers ! » ; il n’en fallait pas plus à son talent pour en tirer de jolies images. J’en profite pour placer ici un extrait d’une autre série, non publiée ici, réalisée avec Charlotte Skurzak quelques mois auparavant et dont celle-ci forme un écho imprévu.

Tadaa.

Ces deux séries avaient pour source d’inspiration le travail des pré-raphaélites. De leur confrérie, la postérité en a surtout retenu la peinture, mais ce mouvement si cohérent et complet (je ne suis pas partiale du tout) s’est attaché à bien d’autres formes d’expression artistiques et artisanales, dont la poésie et la photographie (l’auteur du poème recopié ici est d’ailleurs la sœur du peintre Dante Gabriel Rossetti).

Maud, Julia Margaret Cameron, une inspiration.
Il est d’ailleurs amusant de constater l’usage florissant que les préraphaélites ont fait de la balbutiante photographie, eux qui rejetaient l’art corrompu, vicié de leur époque et des quelques siècles qui les précédèrent. Finalement, mêler la volonté de revenir à un idéal antérieur avec la technique de la modernité n’est pas vraiment un paradoxe, mais plutôt une façon assez saine de se réapproprier certains éléments du passé sans tomber dans une stérile nostalgie ou le pastiche sans intérêt. Les thèmes sont limités, à l’image de l’homme sans doute, mais le chant, lui, est multiple, changeant, inépuisable.

La réappropriation est, en fait, ce que font les meilleurs*.

*(Et par « les meilleurs », je veux bien sûr dire « Gérard de Nerval ».)

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