mercredi 31 juillet 2013

Go go Japan : 花 の ダイアリー ! #3 (le journal de Hana au Japon #3).

Samedi, il faisait terriblement chaud et humide dès le matin, alors nous avons décidé d’aller nous mettre au frais dans les musées qui entourent le parc d’Ueno. Ce fut le running gag de la journée : « Tu viens pour te cultiver ? » « Non, je viens pour la clim. »

Bref.

Donc, on ne voit ni le motif façon tatouage de mon collant,
ni le ruban que j’ai dans les cheveux, ni mes boucles d’oreilles. Tant pis. 
Gaufre et genmaicha en bouteille pour le petit déjeuner.
Nous avons voulu commencer par le Tôkyô National Museum, qui regroupe des œuvres d’art et d’artisanat du néolithique au 19e siècle. Pour y accéder, il faut passer par une petite rue toute calme, qui longe le parc d’Ueno et quelques temples. On se croirait dans une petite route de campagne, ce qui est amusant lorsque l’on sait que derrière nous se trouve une place de buildings que traverse une voie ferrée. Tôkyô est faite de routes ultramodernes et bondées où il suffit parfois de tourner la tête pour trouver un peu de calme et de verdure.

Imaginez une sorte de Times-Square au bout de ça !
Ainsi nous avons quitté le chant des cigales pour entrer dans le bâtiment principal du musée, qui abrite sa collection permanente sur deux étages, le premier organisé par thèmes (travail du métal, travail de la porcelaine, travail du tissu…) et le second de manière chronologique. J’ai mitraillé la salle dédiée à la cérémonie du thé (je posterai les photos sur mon blog dédié au thé, histoire de l’alimenter un peu, le pauvre), mais beaucoup d’autres artefacts ont attiré mon attention, dont ces trois superbes vêtements d’été :


Bien sûr, mes piètres photos sont loin de rendre justice à la délicatesse des tissus…
Almanach des fleurs de la capitale de l’est : Fleurs de lotus du lac Shinobazu (XIXe),  Keisai Bisen.
J’ai beaucoup ri devant un groupe de statues représentant les signes du zodiaque oriental, représentés sous forme de guerriers aux attitudes parfois cocasses.

Le mien, celui du Cheval, a quand même la grande classe. Admirez ce superbe déhanché.
En arrière-plan, le coq le regarde d’un œil vif et brillant. L’admiration, sans nul doute.
Aigle dans la neige, Shibata Zeshin (XIXe).
On voyait le jardin à travers les fenêtres du musée, ce qui en faisait un cadre très agréable.
Une salle était réservée à ceux qui avaient apporté leur déjeuner, nous nous sommes donc assis pour manger avant de repartir pour les musées suivants. Je voulais passer au National Museum of Western Art. Bonne nouvelle, l’entrée était gratuite ce jour-là ; moins bonne nouvelle, leur collection n’est pas si incroyable que ça. Ils possèdent des pièces de grands noms de la peinture (Brueghel l’Ancien, Fragonard, Van Gogh, un des Nymphéas de Monet), mais… pas nécessairement les meilleures. Leur catalogue est plus étoffé pour les sculptures, avec pas mal de Rodin (dont La Porte de l’Enfer) et de Bourdelle.


J’ai adoré ce tableau, La Lamentation de Govaert Flinck (1637).
Je ne passerai que rapidement sur le dernier musée dans lequel nous sommes allés, vexée que j’ai été par le staff. C’est un musée qui reproduit un quartier de Tôkyô lors de l’ère Meiji (ce genre de musées semble à la mode ici), avec là encore pas mal d’objets mis à la disposition du public, enfin presque. L’Ohm et moi nous étions dirigés vers des casse-têtes de l’époque, parce qu’on aime bien les casse-têtes (Professeur Layton, tout ça), et on s’est fait arrêter en plein vol par l’un des gardiens de l’étage. Les Japonais qui étaient derrière nous, eux, ont eu le droit d’aller jouer avec. J’avais oublié que nos grosses pattes d’Occidentaux nous rendaient incapables de toucher des objets fragiles. Fort heureusement, ces mêmes grosses pattes d’Occidentaux ont très bien su se diriger vers la sortie. Sans rien casser, curieusement (on sent que j’en suis encore un peu agacée, j’ai l’impression. Un peu d’aigreur dans l’écriture, peut-être).
En sortant, la sérénité du lac Shinobazu parvint à m’apaiser.

Des lotus partout !
Et des pédalos rigolos.
La suite de la journée, heureusement, avait un programme fait pour me rendre le sourire. Le feu d’artifice de la Sumida, énormissime spectacle pyrotechnique d’une heure et demie, devait avoir lieu ce soir-là, et j’avais prévu de réaliser un de mes rêves de gamine en y allant en yukata. Il était donc plus que temps d’aller faire quelques boutiques pour trouver le yukata de mes rêves ! Et pour ce faire, direction Omote-sandô, à Harajuku !
Omote-sandô est une rue à l’architecture très spéciale et hétéroclite, où se côtoient boutiques de luxe, marques occidentales et jeunes créateurs japonais abordables.

Les Parisiens ont de petits lapins pour les messages préventifs de ce genre, et les Tokyoïtes ont des tanukis.

A gauche, vous avez le building Prada, à droite, une inspiration occidentale moins futuriste.  

Passer à Omote-sandô fut aussi l’occasion d’aller au Q-pot Café, où je voulais aller depuis longtemps. Si Q-pot est une marque connue pour ses bijoux en forme de gâteaux, chocolats et autres douceurs, elle a également ouvert un salon de thé dans une rue qui jouxte Omote-sandô. Il faut faire la queue assez longtemps pour y rentrer, mais le service y est adorable et la nourriture, très joliment présentée, délicieuse.

Au-dessus des tables.

Les motifs qui ornent les murs.
Le goûter se prend sous forme de petits menus, allant de 1350 à 2000 yens, qui comportent une ou L’Ohm a choisi la Necklace Plate, avec un fraisier et son pancake, accompagnés d’une citronnade.

Oui, le fraisier est le pendentif du collier de l’assiette ! C’est trop mignon !
Pour ma part, j’ai pris la Plate of Delight, avec deux petits chocolats (l’un au thé, l’autre ??), un macaron au citron, un cupcake à la myrtille, une boule de glace menthe-chocolat et un thé glacé aux fleurs.


Leurs macarons sont si jolis !
Leurs thés sont disponibles à la vente, tout comme leurs services à thé, leurs boîtes à chocolats, leurs couverts…
C’est chou !
Après ce petit instant de repos, nous sommes allés à la recherche de mon yukata, et j’ai fini par trouver mon bonheur chez Chicago (une chaîne de boutiques vintage/seconde-main). Yukata, obi et zôri pour moins de 10 000 yens, j’étais assez contente de moi ! J’ai croisé deux lolitas là-bas d’ailleurs, une en AP lavande et une autre en Méta, sans jupon et adorable.
Il se faisait tard et nous sommes rentrés en catastrophe pour nous préparer avant le feu d’artifice. Bon, il y a certes des erreurs au niveau de la taille, ou du col, mais pour une première fois et dans ces conditions-là (en panique, donc), je trouve que ce n’est pas trop raté.

Tadaa !
Nous nous sommes donc précipités vers la Sumida. En chemin, nous commencions à voir le feu d’artifice, je me sentais tellement heureuse ! Et alors que nous nous rapprochions de plus en plus…

Un orage.

Mais pas un petit orage. Un déluge, qui s’est abattu sur nous sans crier gare, alors que nous avions passé la journée sous un soleil de plomb. Tout le monde a reflué en sens inverse, et nous nous sommes abrités dans un parking, en espérant que cela passe.


Sympa, ce hanabi !
Finalement, comme cela ne passait pas, nous avons fini par rentrer. Pas de feu d’artifice cette année à Tôkyô, pour la première fois depuis 35 ans. Quelque part, nous pouvons nous consoler en nous disant que nous avons assisté à un moment historique !

Dimanche 28


Nous avons fait une petite grasse-matinée ce matin-là (= nous nous sommes réveillés à 8 heures au lieu de 5 heures). Comme généralement nous passons entre 8 et 10 heures à visiter la ville (et donc à pas mal marcher), nous rentrons souvent exténués et nous couchons très tôt. J’espère réussir à voir un peu du Tôkyô nocturne, tout de même…

Chocolat froid et pain au pépites de chocolat.
Nous avons longtemps traînassé au lit, mais une matinée de repos nous a fait du bien ! Nous avons décidé de passer une journée plutôt calme, après les longues marches des jours précédents, alors nous sommes allés visiter la zone des jardins impériaux accessible au public. Ce fut l’occasion de découvrir un peu le centre de Tôkyô, dans lequel nous n’étions pas encore vraiment allés !
Comme d’habitude, le contraste entre le jardin et la ville est saisissant.




Un petit musée exposait des vêtements d’enfants du dernier oncle encore en vie de l’actuel empereur. Ses kimonos de cérémonie trônaient à côté de l’uniforme de son équipe de baseball et de ses culottes d’écolier. Je suis loin d’être une experte de la famille impériale, mais au-delà de toute considération historique ou politique je trouve toujours touchant de voir des vêtements et des tissus vieux de plusieurs décennies et d’imaginer qu’ils ont été portés un jour, qu’ils ont vécu, eux aussi, d’une certaine manière. Il nous était interdit de prendre des photos, j’aurais bien aimé pourtant emporter un souvenir de quelques motifs et broderies…

Après l’exposition, nous avons essayé de nous perdre dans les allées du jardin, ce qui nous fut impossible à cause du nombre de touristes qui avaient eu la même idée que nous, à croire que tous les Européens de Tôkyô avaient pris rendez-vous pour passer leur dimanche après-midi près du palais impérial. Peut-être avions-nous reçu un message subliminal, ou quelque chose comme ça ? M’enfin, nous avons tout de même réussi à trouver un peu de tranquillité autour d’un petit lac.



Avec une petite cascade qui se cache dans un coin…
J’adore les « ponts » faits de grosses pierres dans les jardins japonais.
On se sent plus proche de l’eau, c’est une sensation que j’apprécie beaucoup.
Comme nous sommes sortis des jardins assez tôt, nous avons décidé d’aller au Mitsubishi Ichigokan Museum. J’ai l’impression que les musées les plus intéressants de la ville sont ceux basés sur les collections personnelles de (très) riches mécènes, qui en font profiter les autres via des structures privées (souvent au nom de leur principal contributeur), qui ne proposent que des expositions temporaires, en fonction de qui aura bien voulu prêté un bout de sa collection.
Jusqu’au 11 août sont exposées des pièces appartenant à l’homme d’affaire japonais Ryoei Saito, autour du thème de l’Ukiyo-e, le monde flottant. Pour vous donner une idée de sa phénoménale collection, voici une image d’une des pièces qui étaient exposées :

Voilà. La Grande Vague de Kanazawa. Alors oui, c’est une estampe,
oui, il en existe plusieurs exemplaires dans le monde, mais tout de même !
L’exposition comptait près de 200 estampes sur papier ou soie, majoritairement composées par Hokusai et Hiroshige, mais aussi, ce que je trouvais très intéressant, par Toulouse-Lautrec et d’autres artistes européens. Le but était ainsi de montrer que ce fameux monde flottant typiquement nippon, sur lequel tant de choses ont été dites par de grands et de moins grands spécialistes depuis plusieurs décennies, était avant tout une recherche esthétique dont les codes peuvent être compris par des artistes aux influences aussi différentes qu’un Japonais ou un Français du XIX (bien que l’un ait pu s’inspirer de l’autre alors que la réciproque n’est pas vraie). Le monde flottant est une prise de position esthétique, un manifeste de la beauté comme esquisse et mouvement, illusion du réel dans laquelle on peut se retrouver même sans jamais avoir entendu le son d’un shamisen ou contemplé le mont Fuji dans un matin brumeux… et si en plus c’est le moyen d’échapper à l’Académie et à son idéal d’immutabilité ! L’Ukiyo-e est arrivé chez nous au moment où nous étions prêts à l’accueillir, et c’est une coïncidence qui marque encore de son ombre la vie culturelle occidentale actuelle (en bien ou en mal, peu importe).

L’une de mes estampes préférées vues ce jour-là : Sound of the Lake at Rinkai, de la série Huit vues célèbres des îles Ryûkyû. Hokusai, circa 1832.
La visite fut dense, une fois sortis nous sommes rentrés, et une fois rentrés nous nous sommes couchés. Il devait être 19 h 30. Nous sommes un très vieux couple, en fait.

Deux nouvelles babioles à mon actif.
Et des sucettes aux goûts curieux comme flan au caramel ou matcha.

Lundi 29

L’anniversaire de l’Ohm a été le prétexte pour notre première grosse journée de shopping ! Nous sommes allés à Shimokitazawa, un quartier à l’est de Shibuya dans lequel se trouvent de nombreuses boutiques vintage et de seconde-main pour femmes… et pour hommes.

Melon pan et boisson magique qui transforme votre peau sèche en satin de pêche (paraît-il).
Je n’ai quasiment pas de photos de cette journée, comme nous avons passé la majeure partie de notre temps dans les boutiques. Pour ma part, j’ai craqué pour quelques paires de collants dans un 300 yens shop, un peu de maquillage et des vêtements au Grand Bazaar Lolita.
Le Grand Bazaar Lolita est un corner situé au troisième étage d’un magasin de seconde-main (le Grand Bazaar, donc), et qui revend surtout du Milk, du Emikyu et du Jane Marple. Je suis tombée sur une JSK Métamorphose qui me faisait rêver depuis longtemps, en gobelin bleu, mais je crois devoir faire définitivement une croix sur Méta qui taille simplement trop grand pour moi. Le corsage de la robe baillait affreusement dans mon dos et tombait n’importe comment au niveau des hanches, avec des plis curieux très peu harmonieux. C’est dommage, mais bon, je garde ainsi plus d’argent pour le reste, j’imagine, sauf que ce jour-là la déception m’a poussée à rester sage. J’ai payé moins de 5000 yens pour une jupe Milk et une blouse Emikyu.

Une photo du quartier avant mon haul de la journée :


C’est étroit, avec des câbles partout, et des boutiques qui s’entassent les unes contre les autres. J’aime bien !
Butin du jour, donc. Une jupe Milk, un chemisier Emikyu, 3 paires de collants, le Zipper du mois de septembre, un eye-liner La Rose de Versailles (ouiiii) le Little Humming Book III (ouiiii), des stickers pour ongles Majolica Majorca et du démaquillant.

Bientôt, encore des jardins, un peu de vie nocturne, de nouveaux achats et même du sport. Je vous remercie de m’avoir lue jusque là !

samedi 27 juillet 2013

Go go Japan : 花 の ダイアリー ! #2 (le journal de Hana au Japon #2).

(Encore une fois, post plutôt chargé !)

Après Akihabara, voici Asakusa, où nous avons passé la majeure partie de ces deux derniers jours. Pour aller vite, Asakusa est considéré comme l’un des rares bastions tokyoïtes de la culture traditionnelle japonaise. Le quartier est légèrement excentré, son architecture plus sage, et on y trouve l’un des temples les plus emblématiques de la ville (dont je reparlerai bientôt).

Je commence la journée de jeudi avec deux photos qui vont sans doute devenir des rituels, à savoir la tenue du jour et le petit déjeuner.

J’ai eu droit à un nombre assez incroyable de « Eeeeeeeeeh nekomimi » dans la rue,
preuve que le Japonais sait lui aussi être lourd.
Heureusement, le Japonais a inventé les Oréo en sticks, et ça, c’est assez formidable pour effacer le reste.
La boisson est un bubble-tea à la mangue.
Nous avons commencé par aller visiter le Sensô-ji, le temple bouddhiste le plus vieux de le capitale, construit il y a plus de 1000 ans ! Il se trouve au milieu du parc d’Asakusa, entouré de plein de belles choses.

Comme de cette petite rivière qui coule en cascades.
Avec des Magicarpes dedans !
Puis, après une petite flânerie dans le parc, on arrive devant la porte du temple. L’histoire de ce dernier, d’ailleurs, est assez amusante : au 7e siècle de notre ère, un pêcheur trouve dans son filet une minuscule statue de Kannon, (en gros la boddhisattva de la miséricorde, l’une des plus révérées au Japon), en or, et alors qu’il en parle au chef de son village, ce dernier lui dit que c’est un miracle, et qu’il faut absolument construire un temple en son honneur. Et, bien sûr, on se saura jamais d’où venait cette petite statue.


Cette porte est nommée la porte de la Foudre, et on y trouve deux statues de chaque côté, la divinité du Vent à droite (Fûjin), et celle de la Foudre à gauche (Raijin).
Derrière cette porte, on trouve la reproduction d’une pagode construite par Tokugawa Iemitsu, le troisième shogun d’Edo (donc, pour transposer maladroitement, le troisième seigneur de l’ancienne Tôkyô). C’est la deuxième plus grande pagode du Japon.


En face de cette pagode, on trouve un grand chaudron d’encens. Faire venir les vapeurs d’encens à soi est un moyen de s’assurer une bonne santé. On trouve aussi des petits tiroirs dans lesquels se trouvent des prédictions, bonne ou mauvaise chance (les omikuji). Nous avons tenté le coup, payé nos petits papiers, et… Aïe aïe aïe ! Très mauvaise chance pour tous les deux, avec des messages aussi rassurants que « le malade ne guérira pas, les voyages seront mauvais (ouille), les mariages péricliteront, les entreprises échoueront… ». Autant vous dire que nous l’avions plutôt mauvaise, alors vite, nous avons noué nos papiers pour éloigner la mauvaise fortune, nous sommes allés nous purifier et j’ai été prier la boddhisattva pour qu’elle nous accorde un peu de sa miséricorde. 
Du coup, dans le chaos causé par ces mauvaises nouvelles, je n’ai même pas de photo du temple à proprement parler !

A la sortie du temple, on trouve une longue allée bordée de petites boutiques de souvenirs, qui proposent des choses aussi variées que des takoyaki, des éventails, ou des posters de Kimura Takuya (si vous n’avez jamais regardé Mr. Brain, il faut y remédier !)


Nous avons décidé de nous promener un peu autour du parc d’Asakusa. On est tombés sur un sanctuaire avec des tanukis, mais les photos étaient interdites. 
Si Akihabara est plutôt dépaysant, avec ses buildings colorés et lumineux, les petites rues traversées de fils électriques me transportent encore plus. Cela plus cette odeur si particulière que l’on n'avait jamais sentie avant, un mélange d’humidité, d’égouts et de sauce soja, nous font bien comprendre que l’on se trouve loin de notre France natale.


Après notre promenade, nous avons décidé d’aller voir d’un peu plus près la Tôkyô Sky Tree, la tour la plus haute du monde et la deuxième structure la plus haute du monde (la plus haute étant un gratte-ciel). Elle culmine à 634 mètres… et l’entrée est diablement chère (2000 yens par personne pour entrer, faire « oooh » et redescendre, ça ne nous tentait que moyennement). Mais rien que rester à l’extérieur vaut le détour !

« Et là, je t’impressionne, là ? »
On s’est amusés à se donner le vertige (c’est un truc que j’aimais bien faire étant petite : vous vous mettez face à un mur, baissez la tête suffisamment longtemps pour que le sang y monte un peu, et vous la relevez très lentement. Vous aurez à coup sûr l’impression que le mur va vous tomber dessus. C’est assez impressionnant avec une tour de plus de 600 mètres !), et nous sommes allés manger.

Je sens que nous allons carburer assez longtemps aux onigiris tant c’est économique, pratique et bon.
Le Japon, l’endroit où tu trouves des produits de marque française que tu ne trouveras pas en France.
La tour Eiffel, un gage de qualité.
Après le repas, nous avons été visiter un quartier assez excentré de la capitale, Shibamata, dont la rue principale, Taishakuten-sandô, est une rescapée du Japon typique des années 1940/1950, en grande partie parce qu’elle a beaucoup servi lors de tournages de films.



Une marchande vendait plusieurs types de kakikoori (de la glace pilée et du sirop, proche de nos granités), on en a pris un au matcha.


Au bout de la rue se trouve un temple, et le temple donne lui-même sur un petit jardin très agréable. 

Temple.
Jardin.
Une grosse libellule ! J’adore les libellules.
Miaou.
Non mais quel poseur…
Après cette promenade, nous sommes retournés vers Asakusa pour continuer notre visite des temples et sanctuaires du centre-est de Tôkyô. Mais ceux que nous voulions visiter ne se trouvaient pas sur notre carte, et nous cherchions désespérément sur un plan où aller, lorsqu’un Japonais qui parlait assez bien l’anglais est venu à notre rescousse. Il nous a proposé de nous accompagner, du moins c’est ce que nous avions cru comprendre, mais une fois arrivés il s’est même dévoué pour nous y servir de guide ! Nous avons passé près d’une heure en sa compagnie, et nous avons appris beaucoup de choses grâce à lui. Franchement, nous avons été plus que touchés par sa gentillesse et son dévouement envers deux inconnus !


L’entrée du temple.
Ainsi, il nous a expliqué que la purification rituelle (main gauche, main droite, bouche) symbolise la purification du corps et de l’esprit. L’esprit doit se retrouver serein, vide de toute considération terrestre, pour pouvoir être plus réceptif à la divinité.
Pour prier dans un temple ou dans un sanctuaire, il faut lancer en guise d’offrande une pièce de cinq yens, soit go en, qui se prononce de la même façon que go-en, terme respectueux pour parler de réciprocité. La pièce de cinq yens est trouée en son milieu, et les Japonais considèrent que par ce trou se crée le lien spirituel entre la divinité et le prieur. Notre gentil guide nous a laissés seuls quelques minutes, au cas où nous souhaiterions prier.
Les Japonais ne voient aucun mal à ce que les étrangers viennent prier dans leurs temples et sanctuaires. On ne naît pas bouddhiste ou shintoïste (quoi qu'il existe une légère nuance pour le shinto, j’y viendrai), c’est avant tout une certaine conception du monde et de la spiritualité. La prière bouddhiste est plus abordée comme une recherche que comme une simple soumission, et cette recherche est accessible à tous sans distinction d’ethnie ou de culte.
Le shinto a ceci de particulier que les divinités japonaises n’existent que sur le sol japonais. Elles sont liées à des chemins, des montagnes, des rochers, un peu comme les divinités des fleuves à l’époque romaine. Il serait donc absurde de pratiquer le shinto en dehors du Japon ; en revanche, en naissant au Japon, on a tout intérêt à respecter le culte shinto pour s’assurer les bonnes grâces des divinités qui y résident. Par conséquent le touriste est tout aussi légitime que les Japonais pour prier ces divinités, car elles sont avant tout territoriales ! Cela explique également pourquoi les deux religions se côtoient si bien, et sont même souvent pratiquées ensemble, le bouddhisme se rapprochant plus d’une quête spirituelle et le shintoïsme d’un respect pour des esprits supérieurs.

Le sanctuaire.
La prière shinto est beaucoup plus codifiée que la prière bouddhiste. Lors de la prière, il faut lancer la fameuse pièce de cinq yens, sonner une cloche pour signaler sa présence, s’incliner, taper deux fois dans ses mains pour attirer l’attention des divinités sur soi, s’incliner à nouveau, prier, s’incliner une dernière fois, et se retirer à reculons. Tout un rituel !

Après notre visite, notre guide nous a souhaité un bon séjour, et nous sommes partis chacun de notre côté. Je voulais essayer un café près de notre appartement, mauvaise idée ! On m’a servi ma pâtisserie avec de la crème, sauf qu’elle avait tourné à cause de la chaleur, et qu’on a dû rentrer en catastrophe tellement je me suis sentie mal. Malgré tout, l’Ohm a quand même tenu à repasser par le Sensô-ji pour retirer un papier de bonne fortune, et cette fois-ci fut la bonne ! Bonne chance pour les voyages, les malades qui guérissent, les couples qui perdurent, tout va pour le mieux !

Un immeuble sympa sur le trajet.

Vendredi 26


Nous avons surtout dédié cette journée à la visite des musées du quartier.

En rose et en blanc, qui l’eût cru…
Mochi et thé au jasmin, sans sucres ajoutés ! (ce qui est rare, ici !)
Nous avons commencé par aller faire un tour au jardin Kiyosumi, qui date de 1721 et qui a plutôt bien survécu au terrible tremblement de terre des années 1920. Pas besoin de mots pour en parler, les images suffisent…





Nous y sommes allés très tôt le matin, nous étions seuls, et ce fut un délice. Un haïku de Bashô est gravé dans une pierre, dans un coin du jardin.

Furu-ike ya, kawaku tobikomu mizu no oto, soit : Un vieil étang, une grenouille plonge, le bruit de l’eau.
Je serais complètement incapable d’apprécier le haïku dans sa langue originelle, mais ce que j’aime particulièrement dans celui-ci, c’est qu’il met en scène par une simple anecdote une ambiance poétique qui dépasse la barrière de la langue. On se représente le lac, majestueux, imperturbable, qu’une toute petite grenouille vient troubler l’espace d’un instant, avant que tout reprenne son cours… Et on est parti pour rêvasser un bon bout de temps.

Point de grenouilles par ici, mais des tortues, ça oui !
Nous sommes allés ensuite au Fukagawa Edo Museum, un musée qui a reconstitué le quartier de Fukagawa tout entier du temps d’Edo, qui s’étend du 17e au 19e siècle. Une véritable maquette à taille humaine, que nous avons traversée avec une adorable guide qui nous expliquait chaque détail avec beaucoup d’entrain, ce fut une visite très agréable et instructive ! Hélas mes photos sont toutes mauvaises, soit trop sombres soit trop floues, à une ou deux exceptions près…

Un des toits du quartier.
Un coin où prendre le thé en attendant le bateau.
Tôkyô est très pauvre en vestiges de cette période. Les maisons des quartiers populaires étant faites de bois et de paille de riz, elles n’ont pas résisté aux incendies, tremblements de terre et bombardements qui ont secoué l’histoire du Japon. Une reconstitution de cette envergure est donc vraiment appréciable pour mieux se représenter la ville quelques siècles auparavant.

Après la visite, nous sommes allés dans un autre musée dédié à l’histoire de Tôkyô, le Edo-Tôkyô Museum, lui aussi bardé de reconstitutions et de maquettes, qui côtoient cette fois-ci quelques vestiges, notamment des livres, des pièces et autres objets de la vie quotidienne.

Une maquette du Nihonbashi durant la période Edo.
Pour nous accompagner dans notre visite, nous avons eu la chance d’avoir à nos côtés une bénévole anglophone qui nous a appris plein de choses. Deux heures et demie de visite guidée passionnante et gratuite, à quand la même chose en France ? (Mais peut-être suis-je mauvaise langue, et cela existe déjà ?)
Grâce à elle, nous avons essayé des instruments de musique utilisés lors des représentations de théâtre kabuki pour figurer la pluie, la neige, les spectres, le temps qui passe… C’était très amusant ! Ses explications très claires et détaillées m’ont permis de clarifier deux/trois choses qui étaient un peu obscures pour moi dans l’histoire du Japon, je garde donc un très bon souvenir du musée et de notre guide (qui portait un très joli yukata, de surcroît). De plus, pas mal d’objets de l’époque sont reconstitués pour qu’on puisse se figurer, par exemple, ce que cela faisait de voyager dans un palanquin, ou de porter deux seaux énormes remplis de, euh… fertilisant odorant d’origine humaine (tout se recyclait, à l’époque !).
Le musée est dans un bâtiment de 7 étages, son sommet étant exactement à la même hauteur que l’ancien château du shogun de la ville, qui n’existe plus. Il est donc possible d’avoir une belle vue de la ville à son sommet !

Enfin, belle. Une vue, quoi.
Après ces visites, nous sommes tranquillement rentrés chez nous, en passant par les berges de la Sumida, l’un des cours d’eau qui traverse Tôkyô, mais je n’ai pas pris de belles photos. Trop de pollution, je pense que la vue est plus agréable le matin.
Pas de haul cette fois-ci, je me réserve pour un gros achat que je devrais normalement faire aujourd’hui ! (Toujours finir sur un suspense insoutenable.)
Transparent White Star