dimanche 24 février 2013

LXXVII

« Cheveux longs, barbare parure, toison où se réfugie l'odeur de la bête, vous qu'on choie en secret et pour le secret, vous qu'on montre tordus et roulés, mais que l'on cache épars, qui se baigne à votre flot, déployés jusqu'aux reins ? Une femme surprise à sa coiffure fuit comme si elle était nue. L'amour et l'alcôve ne vous voient guère plus que le passant. Libre, vous peuplez le lit de rets dont s'accommode mal l'épiderme irritable, d'herbes où se débat la main errante. Il y a bien un instant, le soir, quand les épingles tombent et que le visage brille, sauvage, entre des ondes mêlées, – il y a un autre instant pareil le matin… Et à cause de ces deux instants-là, ce que je viens d'écrire contre vous, longs cheveux, ne vaut plus rien. »

Colette, « Ma sœur aux longs cheveux » in La Maison de Claudine.

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