mercredi 28 novembre 2012

LV ~ Les vacances, c'est aussi fatiguant que le travail 1re partie

Nous avons assisté hier à la répétition générale du Requiem de Dvorák.

Bien. Le décor est posé, par où commencer ? 

Je me demande combien de naissances, ou de renaissances, un être humain peut avoir. Cette musique, ou en tout cas la manière dont elle a été interprétée ce soir-là, fut une expérience à la limite du mystique. Je suppose que le fait que ce soit un requiem joue ; je ne m'étais renseignée sur rien avant d'y aller, vraiment, j'étais vierge de toute pré-interprétation, ça a joué aussi, sans doute. Le lieu également : nous étions dans une salle où j'ai joué, enfant, et où je revenais pour la première fois depuis la blessure, en tant que spectatrice donc. Peut-être me trouvais-je, sans réellement vouloir me l'avouer, dans un état psychique qui réclamait quelque chose ; je n'ai pas vraiment envie de commencer à présupposer des bases qui ne sont pas vérifiables, pour autant je pense qu'elles ont contribué à rendre l'expérience de ce soir unique : l'art, la beauté sont choses suffisamment subjectives pour avoir besoin de conditions très particulières pour trouver leur résonance la plus optimale. Ce soir il fallait un certain orchestre, un certain nombre de personnes dans la salle pour arriver à une certaine acoustique, et une certaine personne dans un certain état d'esprit pour qu'elle puisse vivre plus (ou pas, au fond) que l'œuvre en elle-même.

Dès les premières minutes, j'ai pleuré. Ce fut la première fois depuis assez longtemps que je vivais une expérience musicale aussi éprouvante : pendant la quasi-totalité de l'heure et demie qu'a duré le requiem, j'étais tendue, totalement crispée. Aux brèves périodes de méditation sur ce que j'étais en train de vivre et d'écouter se succédaient des moments d'extase : je me suis dit que ce soir, on frôlait la perfection, et que s'il fallait s'en rapprocher encore un peu plus, mes sens lâcheraient totalement. Je pense sérieusement que mieux aurait été inaudible et inhumain, sur moi en tout cas. Si j'avais l'intuition qu'un trop plein de perfection pouvait rendre fou, je pense en avoir à présent quasiment l'expérience. 

Le terme que j'ai employé en sortant de la salle fut « éprouvant », parce que ce fut une épreuve, presque un rite initiatique. On n'est plus jamais vraiment le même au fur et à mesure que l'on se cultive (au sens premier du terme), mais il est des expériences qui ébranlent trop pour que l'on puisse se regarder de la même façon avant et après les avoir vécues. L'art peut avoir ce rôle-là, grâce à ces petits miracles des conditions réunies. Ce soir, je me demande à quel point l'œuvre peut dépasser le créateur. Jusqu'où il est responsable de ce qu'elle produit sur le spectateur, à partir de quand elle peut avoir une existence suffisamment indépendante pour que le sentiment qu'elle dégage ne soit plus celui de la simple forme qui lui a été insufflée.

Je trouve ce concept de forme éminemment problématique, parce que ce à quoi il s'applique est souvent, à mon goût, plus que vague, surtout dans un art comme la musique. Si la mélodie ne change pas d'une interprétation à une autre, la forme varie à chaque fois, par le rythme voulu par celui qui la remodèle à son image, les accents mis sur certains passages, l'instrument sur lequel il est joué. J'ai posté il n'y a pas longtemps la version qu'Argerich a du Gibet : c'est ma préférée, pourtant c'est l'un des seuls pianistes à jouer ce morceau aussi lentement. Je ne suis même pas sûre que Ravel voulait qu'on le joue de la sorte. Ce n'est donc pas la seule mélodie qui me plaît, forme immuable que l'artiste a donné à sa création, mais une autre qui ne dépend plus de lui. Cette mélodie me plaît, c'est indéniable : mais je l'aime jouée d'une certaine manière, peut-être parce qu'elle m'évoque des choses qui pour moi prennent leur sens dans la lenteur ; mais alors est-ce encore la forme de l'œuvre que j'apprécie, ou celle qu'elle imprime en moi lorsque je m'y confronte ? Ce que je trouve beau, est-ce l'œuvre elle-même, ou le reflet qu'elle laisse dans mon esprit ?

Je pense qu'un jugement de goût n'est jamais vide de préjugés, qui ne touchent pas nécessairement à l'œuvre sur laquelle le jugement porte. Par exemple, je pense qu'il faut se détacher de toute considération morale pour apprécier une œuvre d'art : il est difficile de dire d'un tableau qui représente une scène de chasse qu'il est beau si on ressent une aversion profonde et incontrôlable pour tout ce qui touche à la cruauté exercée sur les animaux ; si, pour se dédouaner, on dit « Je ne cautionne pas la chasse, mais je trouve ce tableau beau », c'est que l'on a réussi à faire abstraction de sa conscience morale en ce qui concerne le jugement porté sur cette œuvre précisément, ce qui ne sera peut-être pas le cas pour toutes les œuvres qui portent sur la chasse. Si au contraire la première réflexion que l'on a est « Beurk, une scène de chasse », ce n'est pas l'œuvre en elle-même que l'on juge, mais la manière dont elle s'insère dans un schéma de pensée qui n'a pas grand chose avec l'art en lui-même (bon, je pars du présupposé que l'art est ce qui touche à l'expression de la beauté par l'homme, même si au fond ça doit se justifier aussi, mais ce serait une digression dans ce contexte-ci et je n'ai pas envie de trop m'éparpiller). Pour autant, je ne pense pas que si cette œuvre plaît malgré la scène de chasse ce soit grâce à sa seule existence : l'harmonie de sa composition, ses couleurs, l'expression de ses personnages renvoient à des idées – ou peut-être plutôt des intuitions – auxquelles le spectateur est sensible, et la référence devient si précise et si forte qu'il finit par en être touché. Ce qui expliquerait aussi que les jugements de goût ne puissent être expliqués, ni débattus : il font appel à un cadre précis, ces conditions dont je parlais au début, qui varie selon les individus, qui font que le sentiment et son intensité varient en fonction des spectateurs. Le talent de l'artisan est de créer des artéfacts qui soient suffisamment relevés techniquement, agréables à l'œil, ou provocants (sinon tout à la fois) pour passer les âges et mériter sa place dans la poussière d'un musée, mais seul le génie de l'artiste fait qu'une œuvre dépasse ces considérations pour devenir une épreuve, bouleverser un individu au point de s'imprimer en lui au détriment de sa propre conscience, de ce qui est explicable, de ce qui est traduisible par autre chose que des larmes. Et certains bouleversements sont si violents... qu'ils en sont à la fois terriblement douloureux et délicieux. Tout à l'heure, mon esprit incroyant ne cherchait, en vain, qu'une puissance supérieure devant laquelle s'agenouiller pour la remercier de lui avoir fait connaître ceci. Rarement j'aurais été aussi heureuse d'être en vie. Tout prenait un sens différent, des choses obscures m'apparaissaient soudainement effrayantes de clarté. Que vais-je faire de mon existence, après avoir pris de plein fouet dans mon âme les chœurs de Dvorák ? Les gifles sont parfois nécessaires pour revenir à soi, et celle-ci en était une monumentale. Le Requiem aura été l'avertissement le plus sublime que j'ai jamais reçu. 

mercredi 21 novembre 2012

LIV ~ Je ne pensais pas que j'aurais l'occasion de dire ça un jour, mais je suis d'accord avec Napoléon.

« Par exemple, il y a bien longtemps que je me suis expliqué le dénouement de Cinna. Je n'y voyais tout d'abord que de moyen de faire un cinquième acte pathétique, et encore la clémence proprement dite est une si pauvre petite vertu quand elle n'est point appuyée sur la politique, que celle d'Auguste, devenu tout à coup un prince débonnaire, ne me paraissait pas digne de terminer cette belle tragédie. Mais une fois, Monvel, en jouant devant moi, m'a dévoilé le mystère de cette grande conception. Il prononça le Soyons amis, Cinna d'un ton si habile et si rusé que je compris que cette action n'était que la feinte d'un tyran, et j'ai approuvé comme calcul ce qui me semblait puéril comme sentiment. Il faut toujours dire ce vers de manière que de tous ceux qui l'écoutent, il n'y ait que Cinna de trompé. »

Napoléon, in Mémoires de Mme de Rémusat.

Tout ça pour dire que Cinna, c'est bien. Tout ce sentiment teinté de grandiose a beaucoup fait battre mon cœur entre deux rames de RER. Je relirais bien un peu de Corneille après Robinson Crusoé. Sauf que je sais déjà que j'aurais envie d'autre chose après. Tant de livres, et trop peu de temps pour les lire ; bon sang que la vie est frustrante parfois ! On peut toucher tant de choses du doigt, et à peine les a-t-on frôlées que l'on disparaît. J'aurais bien envie de me pendre, si là n'était pas le problème.

Sinon, j'ai à nouveau changé le layout. Celui-ci est définitif, normalement. Je ne me retrouvais pas dans le dernier imprimé de AatP, trop de... non-noir. Aucune combinaison de couleur ne me plaisait. *ricane contre elle-même*.

lundi 19 novembre 2012

LIII

Hier, j'ai reçu une commande massive que j'ai passée en début de mois chez Ünt et Sasa. Cela fait plusieurs mois que je teste des produits Ünt et que ma nature de peau absolument désespérante semble apprécier, maintenant j'ai de quoi me faire un bon layering et quelques soins intensifs. Je ferai peut-être quelques reviews si je tombe sur des produits miraculeux (ou désastreux, histoire que d'autres ne tombent pas dans le même panneau que moi). 

Ces deux derniers jours furent plus que reposants, chose agréable. Deux jours à lire, boire du thé, jouer à Professor Layton et faire quelques petites choses de mes mains.

Une paire de boucles d'oreilles, un chapelet et une couronne de fleurs.
Le chapelet est fait de perles d'améthystes, ma pierre préférée avec le grenat (d'ailleurs je pense me faire un chapelet de grenats aussi, mais avec une croix dorée). Il est censé figurer la sagesse et l'humilité (améthystes & médaille centrale qui représente saint Benoît) ; même s'il n'est pas parfait ça en fait une pièce assez spéciale à mes yeux.
Quand à la couronne de fleurs, je suis contente de l'avoir enfin réalisée car j'avais envie d'en avoir une depuis très longtemps. J'ai utilisé de petites roses et des fleurs d'hortensias que j'ai achetées chez BlissfulSilk et dont je suis très satisfaite. Leurs couleurs sont légèrement plus ternes que sur la photo : je voulais quelque chose de doux, un peu virginal. Elle est très voyante et je ne sais pas vraiment comment  la porter, mais quoi qu'il en soit je suis contente de l'avoir. Je met ici le lien du blog où j'ai trouvé comment la faire : c'est vraiment très simple et amusant à construire. 

J'en profite aussi, avant d'aller pleurer devant Doomsday, pour mettre le lien vers le guide que j'ai suivi pour faire mon blood nail art à l'occasion de la TP Halloween.

And now, ladies and gentlemen, tears. Music (almost) unrelated.

jeudi 15 novembre 2012

LII

Je trouve amusant qu'un mouvement contestataire comme le lolita se soit mué en une sorte de protecteur d'une culture bourgeoise et aristocratique fondatrice des mœurs modernes. Je me demande si c'est parce l'ordre du monde au XXIe siècle est totalement inversé par rapport aux siècles précédents, ou parce que le lolita n'est, au fond, qu'un fantasme qui se permet de mêler passé et présent de façon plus ou moins cohérente.
Comment nous, lolitas occidentales, européennes de surcroît, devons-nous considérer les racines du mouvement lolita ? De prime abord, le punk, l'affirmation de soi comme être volontaire, détaché des conventions, libre enfin, colle mal avec cette lassitude désespérée que camoufle mal le rococo, ou cette pudeur soumise de l'ère victorienne. Pourtant, la jeune fille parvient à proclamer sa liberté en cachant pudiquement sa lassitude derrière son armure de vêtements. La lolita est un monde à elle seule, son vêtement transmet et retient ; il indique que la règle change, et en maintient le quidam à distance respectable.
Quelle règle le lolita rejette-t-il, alors ? On lit souvent, lors de discussions entre lolitas, dans la communauté, que ce qui définit le style est l'élégance, la pudeur (voire même la pruderie, sinon la pudibonderie si j'en crois le nombre impressionnant de confusions que je lis sur ces différents termes), le plaisir de se cultiver, etc. etc., mille et une choses qui, apparemment, ne se retrouvent pas dans un monde de « pou-pouffes en short » et de « kikoolol ». Pour autant, la lolita est vertueuse, et donc ouverte d'esprit (sic.). Je commence sérieusement à penser, et c'est ce qui me pousse de plus en plus à m'éloigner des communautés, que le plaisir d'être lolita ne se trouve pas tant dans une harmonie entre l'être et le paraître, mais plutôt dans la volupté de pouvoir se placer en décalage avec son époque, d'avoir de vraies valeurs (??) à brandir comme étendard, bref, une volupté de se sentir exister face à une masse qui ne fait que suivre bêtement les tendances. Faire partie d'une sous-culture est divinement agréable à l'ego, pour autant exister en contradiction ne suffit pas à se définir. Je crois qu'aujourd'hui il est définitivement temps de séparer le lolita comme sous-culture très basique, soit une case de la culture de masse au sein de la culture de masse, et le lolita comme force créatrice, mouvement intellectuel, artistique, culturel. 
Pour moi, le lolita n'est pas tant rejet que réflexion. En lui se reflète le monde, et la lolita y pioche ce qu'elle souhaite. C'est une interprétation de la substance constitutive de l'univers qu'elle teinte d'onirisme. En cela, elle se doit, en effet, d'être ouverte d'esprit : ce qui la différencie des autres, c'est l'interprétation qu'elle donne aux choses. Cette interprétation se traduit par le vêtement, mais pas que. Ce qui compte, c'est ce qui se dégage de la silhouette et du vêtement. Il y a des règles pour définir la silhouette lolita, mais on peut l'être sans l'embrasser totalement : « c'est du lolita » est totalement différent de « être lolita », pourtant les deux se confondent sans cesse. Pour moi, le vêtement n'est pas la fin, mais l'incarnation ; il n'est pas l'esprit du lolita, mais le temple.
Dès lors, comment définir ce qui fait l'âme du lolita ? La question est difficile, car elle fait appel à des choses enfouies dans ma personnalité et dans celle de tant d'autres jeunes filles ; beaucoup d'entre nous disons que nous étions lolita avant même de la savoir, parce que le mouvement général épousait celui qui faisait battre notre cœur sans qu'on ne sache réellement pourquoi. Voici quelques vagues grandes lignes que je parviens à mettre en valeur :
~ Nostalgie d'un temps que l'on n'a pas connu. Le lolita est une réminiscence qui conduit au spleen et au respect de ce qui est ancien.
~ Paradoxe de la jeune fille, qui cultive à la fois l'enfance et le mystère de la féminité.
~ Besoin de créer, par le vêtement, ou par des moyens d'expression que l'on peut parfois assimiler à de l'art (ah, iniquité du talent !)
~ Pudeur dans l'attitude et, pitié ! pas simplement dans l'apparence...
~ Réflexion, donc. Par là je n'entends pas seulement le détachement de la culture « de base », mais aussi de la culture bourgeoise, académique dont je parlais au début. Le but n'est pas de lire un livre, d'aller voir une exposition, ou d'écouter du Chopin en buvant du thé pour s'en vanter ensuite, ou recracher ce que l'on a appris comme dans une interrogation écrite. C'est réellement la réfléchir en soi pour l'ingérer, la comprendre au sens premier du terme, et la faire sienne.
~ Esthétisme. C'est le terme qui, pour le moment, m'est le plus problématique. La lolita a un rapport privilégié avec la beauté, j'en suis persuadée. Lequel, c'est ce que je ne parviens pas encore à définir.  Cela ne restera qu'instinctif pour le moment, donc.
Bref, à mon sens, tout ceci fait que le lolita doit être considéré comme un mouvement à part entière, pas simplement comme une sous-quelque-chose, un moyen de se divertir. Je suis dévastée de voir comme il prend le chemin d'un semi-art-de-vivre, dont le seul but est de paraître, au détriment de toutes les réflexions et des productions artistiques qu'il pourrait engendrer. Heureusement, ces derniers jours, en me détournant un peu plus de la communauté « principale », je vois qu'il reste encore beaucoup de gens de qui apprendre, qui se tiennent à l'écart... ce qui est rassurant.

mercredi 14 novembre 2012

LI ~ Le Gibet



Que vois-je remuer autour de ce gibet ?
FAUST

Ah ! ce que j'entends, serait-ce la bise nocturne qui
glapit, ou le pendu qui pousse un soupir sur la fourche
patibulaire ?

Serait-ce quelque grillon qui chante tapi dans la
mousse et le lierre stérile dont par pitié se chausse le
bois ?

Serait-ce quelque mouche en chasse sonnant du cor
autour de ces oreilles sourdes à la fanfare des hallalis ?

Serait-ce quelque escarbot qui cueille en son vol
inégal un cheveu sanglant à son crâne chauve ?

Ou bien serait-ce quelque araignée qui brode une
demi-aune de mousseline pour cravate à ce col
étranglé ?

C'est la cloche qui tinte aux murs d'une ville, sous
l'horizon, et la carcasse d'un pendu que rougit le soleil
couchant.


Aloysius Bertrand, extrait des pièces détachées à Gaspard de la nuit.

lundi 12 novembre 2012

L ~ Paris sous la pluie & meeting Sweetlolli

Hier, j'ai ressenti l'envie subite d'aller au Tea Corner pour satisfaire un besoin pressant de crumble. Comme je devais sortir pour une remise en mains propres, j'ai trouvé les mots justes pour pousser l’Ohm à m'accompagner (« Hey, ça te dirait de manger ? »), et, ni une ni deux, nous voilà partis. 

Comme le bus s'arrêtait à mi-chemin à cause d'une manifestation, nous avons décidé d'y aller en marchant, et alors une pluie torrentielle tomba sur Paris. Cette averse fut surprenante, car elle rendait l'atmosphère chaude et moite, une vraie pluie d'été après ces quelques jours hivernaux. Curieusement, alors que j'étais un peu bougonne depuis mon réveil à cause d'une migraine qui ne voulait pas partir, ce petit déluge me fit un bien fou ; il m'a rappelé mon amour des jours de pluie lorsque, enfant et adolescente, je sortais de chez moi sans parapluie pour profiter des rues désertes et de cette sensation que procurent les gouttes d'eau qui s'abattent avec violence sur le crâne. Et quelle joie, en rentrant, d'enlever avec précipitation ses vêtements dégouttants, de se lover dans une serviette chaude et de se préparer un bon thé.. Depuis que je n'habite plus chez mes parents, j'ai perdu ce réflexe d'aller me mouiller au-dehors ; une fois seulement, l'an passé, je suis sortie avec l’Ohm à minuit sous un orage monstrueux pour aller admirer les éclairs d'un peu plus près. J'en garde une fabuleuse impression : le corps est tellement tétanisé que seul l'assaut répété de la pluie nous rappelle son existence, et la foudre qui déchire le ciel s'ajoute à ce sentiment d'anéantissement de soi. On perd ses repères, on n'est plus qu'une statue de chair figée dont l'existence est rythmée par le grondement du tonnerre et des fulgurances qui crèvent les yeux.
Bref, arrivés trempés et glacés au Tea Corner, j'en ai profité pour commander une soupe, qui fut comme ma madeleine de Proust : cuiller après cuiller, je sentais la douce chaleur des souvenirs se propager dans mon corps (et la soupe était bonne, ce qui ne gâche rien. J'aime les poireaux.). Et enfin, après des semaines d'attente, j'ai pu manger mon crumble.

Crumble banane/caramel, thé Butterfly of Taïwan, et... mon chapeau.
La nourriture du Tea Corner est vraiment délicieuse, leur choix de thés est très vaste et l'ambiance est conviviale sans être trop bruyante : je suis vraiment contente que les lolis de RE m'aient fait découvrir cet endroit.  Je ne peux que le recommander !
En rentrant, nous sommes passés devant la mairie du 1er arrondissement, que je trouve sublime : j'ai toujours pensé que si je devais me marier un jour, ce serait là-bas (mais le 1er, arrondissement central, est désespérément cher ; je crains que ça ne reste qu'une rêvasserie !). Comme le ciel était superbe, j'en ai profité pour prendre en photo la rosace de l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, qui jouxte la mairie. 


Je n'ai rien retouché à cette image : la lumière était vraiment aussi irréelle. Sans les touristes qui se promenaient autour de nous, je me serais vraiment crue échappée d'un roman fantastique !

Avec mon Vivienne d’amour.
Le lendemain, j'avais rendez-vous avec Sweetlolli qui s'est gentiment proposée pour customiser deux de mes roses pour cheveux achetées chez H&M la semaine passée, en prévision d'une coordination cult party que j'ai dans la tête depuis quelques mois déjà. Un peu avant de partir, j’ai appris à jouer au tarot. Maintenant que je sais à quoi correspond tout ce vocabulaire compliqué de l'atout, de l'excuse, du petit et de la garde j'ai l'impression de faire partie d'une élite de gens très mystérieux qui parlent en langage codé. Si un jour j'entends deux personnes discuter de tarot, je m'imagine déjà leur lancer un regard d'intelligence, comme si nous faisions partie d'une confrérie secrète. Il m'en faut peu...
Nous en avons profité pour dépoussiérer nos vieilles cartes Yugi Oh, auxquelles nous n'avions pas touché depuis des lustres. Nous y jouions tout le temps il y a quelques années, j'ai retrouvé mon deck avec nostalgie. D'ailleurs j'ai une lolita dans mes cartes, la Magicienne d'Ébène :


Généralement j'agis en kikoo en la plaçant à tout prix dans mon jeu, parfois au détriment de toute stratégie *ce qui explique peut-être pourquoi je perds tout le temps*. C'est une sorte de défi que je me lance, dirons-nous, et cette fois-ci, ça a payé (pour la dernière fois avant très longtemps).

Ensuite je suis sortie retrouver Sweetlolli, qui m'a accueillie chez elle avec beaucoup de gentillesse ! J'ai adoré découvrir sa maison, qui est tout aussi mignonne et otome qu'elle ; j'avais vraiment l'impression d'être comme dans un cocon douillet et féminin. 

La petite table sur laquelle elle m'a servi le thé.
Nous avons bien discuté, même si comme toujours j'ai l'impression d'avoir trop parlé (je suis terriblement bavarde...). Depuis le temps que nous nous fréquentons sur les forums, ça m'a fait plaisir de me retrouver en tête à tête avec elle et d'apprendre un peu mieux à la connaître. 

Mes barrettes sont assez malsaines  maintenant, j'adore ! 
J'ai remis mes soquettes, je me sens tout de suite plus à l'aise en les portant
avec des collants. Le rendu est un peu curieux mais j'aime bien.
Je me suis aussi sérieusement mise à Cinna, et pour le moment ça me touche tellement que j'avance assez lentement : je dois faire une pause après presque chaque tirade. Depuis longtemps je faisais partie des pro-Racine, plus par défaut que par goût, comme j'ai lu très peu de Corneille... On va voir si cela va changer ces prochains jours. En tout cas j'ai déjà envie de me mettre à Polyeucte qui est, selon l'agrégé qui a préfacé mon édition de Cinna, la plus parfaite de ses œuvres. 
Et j'écoute en boucle la « Sérenade » du Roméo et Juliette de Prokoviev ; je voulais mettre une vidéo ici pour en faire profiter qui voudrait, mais toutes celles que j'ai trouvées sont de loin très inférieures à la version que je possède (qui est celle du Mariinsky Theatre Orchestra, si ça par hasard ça intéresserait quelqu'un).

samedi 10 novembre 2012

Random poupee girl appreciation II



 

J'étais sceptique au début mais en fait j'aime beaucoup ces Noble Items !


Halloween Event et mois d'octobre

La césure la plus fautive de tous les temps ^^"

Les designers font vraiment un travail incroyable
sur les textures et les motifs...

jeudi 8 novembre 2012

XLIX

Je crois que ce que je préfère dans mon travail, c'est la fenêtre qui fait face à mon bureau.

XLVIII

Je me sens un peu lasse depuis le week-end dernier, où j'ai enfin pu revoir ma chère Nokturnal. J'étais certes heureuse de la revoir, mais ce fut vraiment trop bref... J'aurais bien continué à discuter durant des heures avec elle et sa moitié ; j'aime ces personnes où de brefs échanges, même banals, suffisent à faire naître une réflexion sur un sujet ou sur un autre, où on a vraiment une impression de partage et d'apprentissage. Elle me manque.
Après notre courte entrevue, j'avais commencé à réfléchir sur l'évolution de la communauté et son curieux désaccord avec ce qui fait, pour moi, l'âme du style. J'avais écrit un long pavé plus ou moins intéressant sur mes constats et mes déceptions, sauf que j'ai effacé le brouillon par mégarde juste au moment de le publier (intense frustration). Je n'ai jamais caché que j'étais déçue, même si je ne l'ai jamais vraiment claironné non plus ; mais ce vide, mon Dieu, ce vide... Les discussions sont surfaites car le débat est vu d'un œil mauvais (par peur de la discorde ou de la réflexion, je me le demande encore), les rares moments où l'on aborde les arts comme la littérature ou la peinture deviennent un moyen d'exhiber sa culture plutôt que de dialoguer, et la plupart du temps les conversations se résument à des sujets plaisants, drôles, qui divertissent sans avoir à trop user de sa pensée (en témoignent les nombreuses et diverses discussions sur les fameux « secrets », les partages amusés de bonnes trouvailles comme des préservatifs nounours, et bien d'autres choses). On parle beaucoup de vie quotidienne, aussi... C'est une communauté féminine, en somme, qui réunit tous les clichés qui m'agacent. Nul besoin de lire Molière s'il me suffit d'errer sur la communauté pour y trouver des précieuses ridicules. C'est tellement XVIIe.
Naïvement, j'assimilais le lolita à un courant intellectuel et artistique plus que vestimentaire. Je m'attendais à y trouver des jeunes filles qui le portaient parce qu'elle avaient des choses à exprimer dans ce monde plutôt que pour une histoire de goût personnel, de pure nostalgie de l'enfance. Même si la silhouette lolita est en elle-même un manifeste, je croyais qu'il y avait encore plus à apprendre si l'on cherchait ce qui se cachait derrière... Il semblerait que non. Je pense que c'est pour cela aussi que certaines prétendent avec tant de véhémence qu'il est possible d'incorporer diverses influences dans le lolita sans comprendre qu'en faisant cela elles le dénaturent : si on leur enlevait cette étiquette, il leur resterait peu de choses. Le lolita est devenu un microcosme à l'image de la société qu'il est censé rejeter : on y voit ses représentantes, ses moutons et ses têtes pensantes, les dernières n'étant pas nécessairement les premières. On y consomme tout autant qu'ailleurs, on souhaite la tolérance en colportant des ragots, on revendique sa différence en se copiant les unes les autres. La masse existe au sein même d'un mouvement contestataire... Voilà la tragédie créée par la diffusion d'informations à grande vitesse. Tout le monde peut se reconnaître dans n'importe quoi sans chercher à comprendre ce dans quoi il se reconnaît, et pourtant il se l'approprie et en réclame le nom.
Je ne prétends pas être supérieure aux autres. Je ne pense pas que ce que j'ai à dire vaut tant la peine d'être entendu, mais je cherche des gens auprès de qui je pourrai continuer à progresser. Je ne me reconnais pas dans une communauté qui ne vit que pour le divertissement, pour l'agrément entre personnes qui partagent les mêmes dentelles. Je ne m'aime pas lorsque je ne fais que me divertir ; je m'aigris, et m'enferme sur moi-même. Ma présence dans cette communauté, maintenant que je suis persuadée d'en avoir fait le tour, n'est due qu'à de mauvaises raisons. J'espère un jour avoir le courage de m'en détacher plutôt que de continuer à la critiquer dans le vide.

samedi 3 novembre 2012

XLVII

Hier, j'ai fêté mon salaire en commençant mes achats de Noël et en allant faire quelques boutiques. Je suis habituée au lèche-vitrine virtuel depuis tellement longtemps maintenant que je me réjouissais à l'idée de visiter des boutiques physiques... finalement ce fut plus fatiguant qu'autre chose, mais j'ai quand même pu dénicher des petites choses dont je suis contente, par exemple, une robe H&M faite de dentelle de qualité très correcte. Je recherchais un modèle de cette sorte depuis près d'un an, pour une coordination dolly ; je suis contente de pouvoir à présent m'atteler plus sérieusement à la tâche.

La trouvaille dont je suis la plus satisfaite est une paire de collants de chez New Look ; en fait je comptais profiter de mon salaire pour m'acheter des chaussettes bordées de roses, dans cet esprit-ci, mais en noir :


sauf que je n'étais jamais vraiment satisfaite des modèles sur lesquels je tombais, je les préférais toujours dans des tons clairs... De plus j'ai toujours été plus collants que chaussettes (je suis une mauvaise lolita, mais pour ma défense même mes poupées portaient des collants !), donc j'hésitais à investir dans des chaussettes d’une couleur différente que celle que je souhaitais sous prétexte que je voulais à tout prix des chaussettes fleuries. Heureusement, il y a New Look *jingle*.


De belles roses rouges sur fond noir, pour des collants assez épais qui tiendront tout l'hiver. Bien sûr les Inowa en crème sont plus jolies, mais je suis quand même plus que contente de cet achat. 

Sinon, pour réagir plus ou moins vaguement à un secret que j'ai vu cette semaine, l'un des derniers imprimés AP me fait de belles œillades.


Alors non, ce n'est pas lolita, mais alors ce serait vraiment parfait pour de l'otome (en noir, hein. Oui, je me sens toujours obligée de préciser...). Reste à savoir si je serais prête à payer le prix d'une one piece AP pour assouvir mes envies de belles tenues otome... D'autant plus que pour une raison quelconque je suis persuadée que les prix de celle-ci vont d'envoler à la revente. Les marques à la mode me frustrent, parfois. 

Sinon, histoire de finir sur un petit HS après avoir parlé chiffons, j'ai été voir le dernier James Bond, et j'ai vraiment été déçue. Le sujet m'agace encore un peu trop pour que je puisse en parler objectivement (j'ai été élevée au James Bond, dans la famille on prend tout ça très au sérieux...!), mais le film manquait cruellement de finesse. Alors oui, c'est un James Bond, tout n'a pas besoin d'être fin, intellectualisé, mais vu la tournure que Mendes a voulu donner à son film, ça devient franchement indigeste. Et puis mon Dieu, Bardem... Un énième psychopathe rieur et content de lui qui a bobo dans sa psyché ; il était bien plus charismatique dans No Country for Old Men (alors que sa coupe de cheveux n'y était pas plus enviable). Bref, je me consolerai en re-re-re-gardant Casino Royale et en me pâmant sous le « Oups » du Chiffre (d'ailleurs deux films avec Mikkelsen sortent ce mois-ci, mon côté fangirl est ravi). 
Transparent White Star